La philosophie transhumanisme trouve ses sources dans un courant de pensée remontant à l’Antiquité : la quête d’immortalité de l’Épopée de Gilgamesh ou les quêtes de la fontaine de Jouvence. Le concept de transhumanisme apparaît dans les années 50 (visions d’un surhomme) notamment dans la littérature (et sur des idées provenant de la vague hippie dans les années 60, de la sémantique générale qui postule qu’on peut changer l’homme, l’améliorer, en changeant le langage). On retrouve dans les mouvements transhumanistes les influences de trois idéologies qui s’entrecroisent : une gauche humaniste, un libertarianisme individualiste et un mouvement hippie en quête de sens… Les premiers transhumanistes se reconnaissant comme tels se rencontrent au début des années 1980 à l’Université de Californie à Los Angeles, qui devient le centre principal de la pensée transhumaniste. En 1998, l’association « World Transhumanist Association (WTA, Association Transhumaniste Mondiale) est créée, une organisation non gouvernementale d’échelle internationale oeuvrant afin que le transhumanisme soit reconnu par le milieu scientifique et les pouvoirs publics. La WTA donne deux définitions du transhumanisme :
- « Le mouvement culturel et intellectuel qui affirme qu’il est possible et désirable d’améliorer fondamentalement la condition humaine par l’usage de la raison, en particulier en développant et diffusant largement les techniques visant à éliminer le vieillissement et à améliorer de manière significative les capacités intellectuelles, physiques et psychologies de l’être humain.
- L’étude des répercussions, des promesses et des dangers potentiels de techniques qui nous permettront de surpasser des contraintes inhérentes à la nature humaine ainsi que l’étude des problèmes éthiques que soulèvent l’élaboration et l’usage de telles techniques. »
En 1999, l’Association transhumaniste mondiale rédige et adopte la Déclaration transhumaniste (Transhumanist Declaration):
- L’avenir de l’humanité va être radicalement transformé par la technologie. Nous envisageons la possibilité que l’être humain puisse subir des modifications, tel que son rajeunissement, l’accroissement de son intelligence par des moyens biologiques ou artificiels, la capacité de moduler son propre état psychologique, l’abolition de la souffrance et l’exploration de l’univers.
- On devrait mener des recherches méthodiques pour comprendre ces futurs changements ainsi que leurs conséquences à long terme.
- Les transhumanistes croient que, en étant généralement ouverts à l’égard des nouvelles techniques et en les adoptant, nous favoriserions leur utilisation à bon escient au lieu d’essayer de les interdire.
- Les transhumanistes prônent le droit moral, pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
- Pour planifier l’avenir, il est impératif de tenir compte de l’éventualité de ces progrès spectaculaires en matière de techniques. Il serait catastrophique que ces avantages potentiels ne se matérialisent pas à cause de la techno phobie ou de prohibitions inutiles. Par ailleurs, il serait tout aussi tragique que la vie intelligente disparaisse à la suite d’une catastrophe ou d’une guerre faisant appel à des techniques de pointe.
- Nous devons créer des forums où les gens pourront débattre en toute rationalité de ce qui devrait être fait ainsi que d’un ordre social où l’on puisse mettre en oeuvre des décisions responsables.
- Le transhumanisme englobe de nombreux principes de l’humanisme moderne et prône le bien-être de tout ce qui éprouve des sentiments qu’ils proviennent d’un cerveau humain, artificiel, post-humain ou animal. Le transhumanisme n’appuie aucun politicien, parti ou programme politique.
- Nous prônons une large liberté de choix quant aux possibilités d’améliorations individuelles. Celles-ci incluent les techniques qui pourraient être développées afin d’améliorer la mémoire, la concentration, l’énergie mentale; Des thérapies permettant d’augmenter la durée de vie, ou d’influencer la reproduction; La cryoconservation, et beaucoup d’autres techniques de modification et d’augmentation de l’espèce humaine.
La culture transhumanisme s’étend avec le développement des NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Elle est portée par des représentants tels que Raymond Kurzweil, spécialiste de l’intelligence artificielle, théoricien du transhumanisme et cofondateur de l’université de la singularité. La singularité en astrophysique désigne ce point extrême dense qui a donné naissance à l’univers au moment du big bang. Par référence, cette université prône le concept de singularité technologique, c’est-à-dire l’avènement d’une intelligence artificielle qui « dépassera » les capacités du cerveau humain. Un concept, selon lequel, à partir d’un point hypothétique de son évolution technologique, la civilisation humaine pourrait connaître une croissance technologique d’un ordre supérieur. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’oeuvre que d’intelligences artificielles, ou « supra intelligence », elles-mêmes en constante progression. La singularité induirait des changements tels sur la société humaine que l’individu humain d’avant la singularité ne pourrait ni les appréhender ni les prédire de manière fiable. Le risque en serait la perte de pouvoir humain, politique, sur son destin.
Le transhumanisme se distingue du post humanisme. L’apparition du concept de post-humain est lié au développement des nouvelles technologies après la Seconde Guerre mondiale, et des biotechnologies en particulier. Les interprétations diffèrent mais le terme transhumanisme insiste naturellement plus sur la transition autrement dit l’amélioration de l’homme actuel. Tandis que le terme post humanisme peut faire référence à un post humain ayant éventuellement quitté son statut d’humain.
Considérant que les avancées de la technique mènent à la création d’une intelligence artificielle dont les capacités peuvent dépasser celles des humains, la plupart des transhumanistes appellent cependant de leurs voeux le remplacement pur et simple de l’espèce humaine par une nouvelle : le cyborg, et donc l’issue du transhumanisme est le post-humanisme
Le transhumanisme comprend beaucoup de courants de pensées différents entre le transhumanisme démocratique, l’immortalisme, le post sexualisme (abolition du genre dans l’espèce humaines avec biotechnologies et technologies de reproduction), le singularitarianisme (singularité technologique possible et souhaitable), le technogaïanisme (démarche écologique basée sur l’idée que le progrès technologique peut permettre de restaurer l’écosystème), l’uplifting, également connu sous le nom de transbiologisme (considère que l’humanité a le devoir d’amener les autres espèces au même niveau « d’intelligence » et de « civilisation »).
Certains transhumanistes ont une approche abstraite et théorique sur les bénéfices des techniques émergentes, d’autres ont donné des propositions pour l’augmentation des capacités du corps humain tels que la génétique, l’augmentation de la santé, des performances et de la durée de vie (y compris des projets dans la cryonie afin de converser le corps), les prothèses électroniques. Les transhumanistes sont souvent concernés avec les méthodes d’amélioration du système nerveux humain. Bien que certains proposent l’amélioration de la mémoire et de certains potentiels du cerveau par un exocortex ou par la modification du système nerveux périphérique. Le cerveau étant considéré comme le dénominateur commun de la personnalité, il est donc l’objectif principal des ambitions transhumanistes. Beaucoup croient en la compatibilité entre les esprits humains et le matériel informatique, avec l’implication théorique que la conscience humaine serait un jour transférée dans des médias (connue sous l’appellation « téléchargement de l’esprit »).